Marie-Claudette Kwizera, militante burundaise des droits de l’homme et trésorière de la Ligue Iteka, est disparue depuis le 10 décembre 2015 et, selon les nouvelles informations reçues par la Commission des Nations Unies chargée d’enquêter sur la situation au Burundi, a été exécutée.
La Ligue Iteka, organisation à laquelle Kwizera a adhéré alors qu’elle était encore à l’école secondaire, est une organisation burundaise de défense des droits de l’homme, créée en février 1991 et dont la mission principale est «de promouvoir et de défendre les droits de l’homme, ainsi que de prévenir les violations des droits de l’homme». Au cours des périodes de crise politique au Burundi, la Ligue Iteka s’est distinguée par son engagement constant à surveiller de près et à dénoncer les violations des droits de l’homme.
Depuis 2013, un environnement de plus en plus hostile à l’égard des acteurs de la société civile au Burundi affecte plus particulièrement les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes. La répression contre la société civile, qui s’est intensifiée à l’approche des élections de 2015, a accru la vulnérabilité des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes indépendants. Depuis, ils ont été davantage exposés à des assassinats ciblés, des enlèvements et des attaques violentes.
Le 10 décembre 2015, Marie-Claudette Kwizera a été arrêtée et emmenée dans un véhicule aux vitres teintées, qui appartiendrait probablement au Service national de renseignement (SNR). Deux jours plus tard, le 12 décembre 2015, un agent du SNR a appelé la famille de Kwizera pour lui dire qu’elle avait été arrêtée au bureau du SNR et avait demandé 3,5 millions de francs burundais (environ 2 000 USD) en rançon. Malgré le paiement de la rançon, la famille de Kwizera n’a jamais été informée de son lieu de résidence ni même si elle était encore en vie jusqu’à récemment, lorsque la Commission des Nations Unies a publié un rapport sur la situation au Burundi.
La Commission indique que les informations reçues indiquent que Kwizera a été conduit dans un bureau local du SNR avant d’être emmenée dans un autre lieu pour y être exécutée.
La Commission a également confirmé l’aggravation des restrictions aux libertés civiles en 2018 et 2019, toute personne soupçonnée de ne pas soutenir le parti au pouvoir est en danger.
La Ligue Iteka elle-même a été abolie par décret ministériel du 3 janvier 2017, accusée d’être « une récidive en ternissant l’image de marque du pays et d’avoir semé la haine et la division parmi la population burundaise ».