“Ayez toujours dans la vie l’espoir de surmonter toutes les difficultés” — Ernest Manirumva à ses collègues, le 8 avril 2009.
Ernest Manirumva, un défenseur des droits humains enquêtant sur la corruption au sein de la police burundaise, a été poignardé à mort en avril 2009.
Ernest Manirumva était vice-président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), une organisation de la société civile burundaise, et vice-président d’un organisme officiel de réglementation des marchés publics. Il a été retrouvé mort, poignardé devant chez lui à Bujumbura le 9 avril 2009. Un dossier de classement vide, maculé de sang, qui a été trouvé sur son lit, et des traces d’effraction dans son bureau au ministère de l’Agriculture laissent penser que les meurtriers d’Ernest Manirumva cherchaient des documents sensibles qu’il avait en sa possession. Peu avant sa mort, d’après ses collègues et ses amis, il enquêtait sur des affaires de corruption policière et de tentatives d’achat illégal d’armes à feu en provenance de Malaisie par la police.
Les autorités du Burundi ont pris certaines mesures pour identifier les meurtriers, mais les organisations de la société civile ont toujours reproché aux autorités de ne pas suivre suffisamment les pistes qui se sont présentées et de ne pas enquêter de manière indépendante. Les deux premières commissions d’enquête qui avaient été établies ont été abandonnées après que des organisations de la société civile ont dénoncé que les membres de ces commissions avaient des liens trop étroits avec la police et le Service national de renseignement, ces derniers ayant été impliqués dans ce crime selon des déclarations de témoins.
Un procès s’est ouvert à la cour d’appel de Bujumbura, au Burundi, le 14 juillet 2010. Il y a 16 suspects au total, dont des policiers, des civils et des soldats démobilisés. Toutefois, les organisations de la société civile militant pour obtenir justice dans cette affaire ont soutenu que d’autres suspects n’ont pas fait l’objet de poursuites pénales. Après des lenteurs de procédure qui se sont soldées par un retard d’un an et neuf mois, le procès s’est conclu en trois jours, entre le 5 et le 11 avril 2012. En mai 2012, 14 personnes ont été condamnées à de lourdes peines d’emprisonnement pour le meurtre d’Ernest Manirumva. Le parquet n’a pas pris en considération certaines pistes et recommandations importantes provenant de rapports diffusés par le Bureau fédéral d’enquêtes (FBI) des États-Unis, qui a apporté son aide lors des investigations, et une commission d’enquête établie par les autorités burundaises.
Certains membres des organisations qui ont publiquement dénoncé le meurtre et les défaillances des enquêtes judiciaires sur cette affaire ont eux-mêmes reçu des menaces.
