M. Rossy Mukendi Tshimanga a été assassiné par des agents des forces de l’ordre qui ont ouvert le feu contre des manifestants dans l’enceinte et à l’extérieur de la paroisse Saint Benoît de Lemba à Kinshasa, alors que ces derniers prenaient part à la marche pacifique organisée par le CLC demandant la mise en œuvre de l’accord de la Saint Sylvestre. La police aurait tiré à bout portant sur M. Rossy Mukendi Tshimanga. La police a également utilisé du gaz lacrymogène contre les manifestants, y compris dans l’hôpital et la maternité de la paroisse, où se trouvaient des femmes et des nouveaux nés.
La police a arrêté un policier suspecté d’être impliqué dans l’assassinat de M. Rossy Mukendi Tshimanga. Selon certaines sources, il ne s’agirait pas du responsable du coup tiré à bout portant ayant provoqué le décès de celui-ci.
M. Rossy Mukendi Tshimanga était le fondateur du « Collectif 2016 », un mouvement citoyen basé à Kinshasa qui vise à contribuer à l’organisation effective de l’élection présidentielle conformément à la constitution et qui promeut les droits humains, en particulier le droit à la liberté d’association et d’expression par le biais de la sensibilisation publique et de manifestations pacifiques. Il avait participé à l’organisation de la marche du 25 février 2018 et à des activités de sensibilisation de la population à ce sujet. Le défenseur avait au cours des derniers mois organisé plusieurs autres activités de sensibilisation et de plaidoyer en collaboration avec l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) et d’autres mouvements citoyens.
En raison de ses activités de défense des droits humains, les autorités congolaises ont de nombreuses fois porté atteinte aux droits de M. Rossy Mukendi Tshimanga. Le 10 avril 2017, il avait été arrêté par des militaires lors d’une marche pacifique en faveur de la publication du calendrier électoral et placé en détention au secret au cachot du camp militaire Kokolo avant d’être libéré le 13 avril 2017. Il avait rapporté, à la suite de sa détention, avoir fait l’objet de menaces de mort, d’actes de torture et de mauvais traitements, destinés à le contraindre de mettre un terme à son engagement citoyen.
Il avait par la suite été de nouveau arrêté par la police le 17 mai 2017 avec 13 de ses collègues, lors d’une marche pacifique qu’ils avaient organisée, dans la commune de Ngaba (au sud de Kinshasa), pour réclamer la réhabilitation de l’avenue de l’Université et l’amélioration des services de fournitures d’eau et d’électricité. Alors que ses 13 collègues ont été libérés deux jours plus tard, M. Rossy Mukendi Tshimanga a été détenu au Service d’actions et de renseignements militaires (SARM, ex-DEMIAP) jusqu’au 16 juin 2017 sans droit de visite, d’assistance ou de conseil, et sans comparaître devant un juge.